Projets thèses : La circulation du modèle de système de parcs de Frederick Law Olmsted entre la France et les États-Unis (1854-1914)

Projet de thèse de Loïc Massias, sous la direction de Chiara Santini et avec le concours de Michel Audouy - École doctorale n°628 « Arts, humanités, sciences sociales » (AAHS), CY Cergy Paris Université.

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Résumé

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le paysagiste américain Frederick Law Olmsted (1822-1903) et ses associés innovent en réalisant, à grande échelle, des « systèmes de parcs » : des réseaux de parcs reliés par des promenades plantées, ou parkways. Aujourd’hui, les armatures vertes de Buffalo, Chicago, Boston, ainsi qu’une dizaine d’autres conçues par son agence, charpentent toujours ces métropoles, améliorent le cadre de vie, offrent les bienfaits de la nature en milieu urbain, facilitent les mobilités douces et contribuent à la gestion des eaux pluviales.

Malgré l’actualité de ces réseaux et l’abondante littérature consacrée à Olmsted, une dimension demeure peu étudiée : la manière dont ces projets ont pris forme puis se sont diffusés par des échanges internationaux, notamment avec la France. Souvent décrite comme une suite de développements nationaux isolés, l’histoire de ces dispositifs relève pourtant d’emprunts réciproques et de réappropriations locales.

Partant de ces constats, cette recherche analyse la circulation du modèle de systèmes de parcs conçus par l’agence Olmsted entre la France et les États-Unis. Elle examine les transferts de savoir-faire dans les projets réalisés par des concepteurs français et américains. Pour ce faire, elle s’appuie sur une approche théorique et pratique : un travail d’archives mené simultanément en Europe et aux États-Unis, afin de croiser les sources ; des visites de terrain dans quinze systèmes de parcs ; et la création d’un atlas comparatif composé de cartes, plans et coupes originaux. Cette enquête par le dessin complète l’étude d’archives et fournit un cadre commun – mêmes échelles, mêmes représentations – pour confronter les projets.

L’étude révèle que la première génération des systèmes conçus par Olmsted et ses associés s’inscrit dans une filiation directe avec les travaux d’aménagement menés à Paris durant le Second Empire. S’inspirant des aménagements parisiens, ils font des promenades plantées la charpente de la ville afin de diffuser les bienfaits du parc dans le tissu urbain. Ils s’appuient ensuite sur les principes de composition de ces artères – notamment l’actuelle avenue Foch – pour concevoir leurs premiers parkways.

À partir du système de parcs de Boston, conçu dès 1878, l’agence d’Olmsted s’éloigne du modèle parisien. Le projet et ceux qui suivent se fondent sur les caractéristiques du paysage existant, notamment l’hydrographie : les parkways longent les vallons et relient des parcs qui préservent des paysages remarquables, dans le sillage de la création des premiers parcs nationaux aux États-Unis. Face à un accroissement urbain fulgurant, ces réseaux se déploient à l’échelle régionale, sur des dizaines de kilomètres, bien au-delà des limites communales.

La recherche montre comment, dans un second temps, les projets américains trouvent un écho auprès de concepteurs français, en particulier d’Édouard André (1840-1911) et de Jean Claude Nicolas Forestier (1861-1930). Tous deux s’appuient sur ces aménagements pour planifier, en Europe, au Maroc et en Amérique latine, de vastes réseaux d’espaces plantés. Si André n’en reprend que certains principes, Forestier les mobilise plus largement, notamment à Fès et à Rabat, en les articulant avec l’héritage parisien et en les adaptant aux contextes locaux.