2013, Année Le Nôtre - Cycle de conférences
07 décembre 2012
Le Nôtre de l'héritage à l'action
Coordination : Chiara Santini (historienne) et Michel Audouy (paysagiste)
À l'occasion des 400 ans de la naissance d'André Le Nôtre (1613-1700), l'École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSP) organise un cycle de conférences destiné à questionner la « modernité » du grand jardinier.
Figure emblématique de l’histoire des jardins et de l’organisation du territoire – non seulement en France, mais également dans le monde – André Le Nôtre représente encore aujourd’hui un modèle et une référence incontournables pour les concepteurs et pour les chercheurs en sciences du paysage. Ce cycle de conférences vise à analyser la place que les principes de composition et de création inaugurés par Le Nôtre jouent encore aujourd’hui dans l’élaboration du projet de paysage : dans quelle mesure et comment les concepteurs contemporains, dans un contexte de commande très différent, dominé par la notion d’espace public et par les préoccupations d’ordre écologique, s’approprient et se confrontent à cette démarche de projet ?
Il s’agit des questions sur lesquelles l’ENSP mène depuis longtemps une réflexion qui investit en même temps les enseignants et les élèves. L’étude novatrice conduite en 1982 par Michel Corajoud et Jacques Coulon avec Marie-Hélène Loze sur les tracés des jardins de Versailles1, le colloque organisé à l’ENSP en 1999-2000 à l’occasion du tricentenaire de la mort d’André Le Nôtre2, ainsi que les différentes lectures au travers desquelles la figure du célèbre jardinier est abordée au cours de la formation des paysagistes (ateliers de projet, cours, terrain…), représentent autant de possibilités pour renouveler et enrichir les connaissances sur son oeuvre et son apport à la profession.
À travers ce cycle de conférences, l’ENSP vise à animer une réflexion interdisciplinaire favorisant la confrontation d’experts issus de milieux professionnels et de recherche différents. Paysagistes, maîtres d’ouvrage, architectes, historiens, artistes, ingénieurs, élus… s’interrogeront sur l’héritage à l’aune des pratiques paysagères contemporaines et plus généralement des grands enjeux d’aménagement du territoire.
L'héritage de Le Nôtre et le projet de paysage aujourd'hui, éléments d'introduction
Chaque réalisation de Le Nôtre est une réponse aux spécificités d’un site : le relief, la présence ou l’absence d’eau, les vues, l’exposition. À Chantilly, par exemple, les miroirs d’eau et le canal récupèrent l’eau d’un sol marécageux, comme du reste à Versailles pour la pièce d’eau des Suisses ou le Grand canal. À Sceaux, la plus grande partie du jardin se développe sur le côté du château, non dans l’axe, là où le terrain le permet. Cela fait en sorte que la grande cascade puisse tirer parti d’un immense dénivelé.
Dans tous ses projets, Le Nôtre magnifie la nature par le biais de la géométrie, en suivant un procédé qui découle aussi de la réflexion philosophique de son époque et du développement des sciences et des techniques concernant l’aménagement et l’organisation de l’espace. Le chantier et l’oeuvre sont en fait complètement liés. Autour de l’art des jardins, d’autres savoirs sont fédérés : la maçonnerie, la sculpture, l’ingénierie civile et militaire…
À cette époque est défini un code formel, « première grammaire de l’aménagement de l’espace », selon certaines recherches récentes, que l’on retrouve aujourd’hui réutilisé dans de nombreuses réalisations contemporaines. Notons particulièrement le traitement de la ligne d’horizon par les terrassements, la mise en situation de l’observateur dans l’espace, la prise en compte des différents effets d’optique produits par les caractéristiques topographiques des sites... Et également la transposition d’un vocabulaire classique : canal, belvédère, allées plein jalon, rampes…
Du détail au général et réciproquement, les réalisations de Le Nôtre entament un procédé d’emboîtement des échelles qui représente la clef de sa « maniera » artistique. Au sein des jardins de Versailles sont testées des techniques transposables au territoire, le jardin s’inspire lui-même, en les réinterprétant, de formes empruntées à la campagne : tracés, lisières, palissade, gestion de l’eau…
Au sein même des jardins, les différentes échelles s’alternent, des grands axes à l’intimité des bosquets, des espaces clos aux espaces ouverts.
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1 Un extrait de cette étude a été publié sur Les annales de la recherche, n° 18-19, 1983, sous le titre
« Versailles : lecture d’un jardin » et également dans l’ouvrage de Michel Corajoud : « Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent », Actes Sud / ENSP, 2010, p. 139-163.
2 Quels sont les concepts de Le Nôtre dont nous sommes héritiers aujourd’huiet en quoi certains paysagistes se disent héritiers de ses concepts ? En quoi certains de ces concepts sont restés modernes ? Colloque organisé par Karin Helms à l’ENSP.
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Programme des conférences
Sous réserve de changements
30 janvier 2013 : SITE (Formes, tracés), Conférence inaugurale
Chaque réalisation de Le Nôtre est une réponse aux spécificités d’un site.
Quelle est la place du site dans le projet de paysage aujourd’hui ? Comment le projet s’articule et prend-il forme dans ce rapport ?
- Érik Orsenna, Introduction du cycleÉconomiste, écrivain et membre de l'Académie française, Érik Orsenna a présidé l'École nationale supérieure de paysage de Versailles. Il a complété cette expérience, clé pour lui, par ses tours du monde et l'écriture de ses Petits précis de mondialisation. L'une de ses conclusions est que le végétal et le paysage doivent tenir une place essentielle dans nos sociétés urbanisées. Prix Goncourt en 1988 pour L'exposition coloniale, Érik Orsenna est l'auteur de plus d'une trentaine d'ouvrages, parmi lesquels Sur la route du papier. Petit précis de mondialisation III (Stock, 2012) et Portrait d'un homme heureux : André Le Nôtre (Fayard, 2000). Depuis 2010, il préside le Cercle Cité verte, initié par la Commission des métiers du paysage.
- Michel CorajoudPaysagiste, Grand prix national du paysage (1992), Grand prix national d'urbanisme (2003).
Concepteur notamment, avec Claire Corajoud, du Parc départemental du Sausset à Villepinte, du parc de la Villeneuve à Grenoble, des espaces publics sur la couverture de l'autoroute A1 à Saint-Denis, du parc de la Cité internationale à Lyon, des quais de la Garonne à Bordeaux, du parc de Gerland à Lyon, du jardin d'Éole à Paris...
Ancien professeur à l'ENSP, directeur du département du projet, à l'origine de la fondation de l'école en 1976.
Auteur de nombreux textes de référence sur le projet de paysage réunis en 2010 dans l'ouvrage Le paysage, c'est l'endroit où le ciel et la terre se touchent. (Actes Sud/ENSP, 2010). - Jacques CoulonPaysagiste concepteur, avec Linda Leblanc, atelier Coulon Leblanc & associés. Activité liée exclusivement aux projets publics, grands ensembles en quartiers difficiles : Pantin, Drancy, Montataire, Bagnolet, Montargis (ANRU).
Promenades urbaines des bords de Marne à Maisons-Alfort, Nogent-sur-Marne, Champigny, Gournay, Chelles... Parc de la Seille à Metz, avec Laure Planchais. Place du Mont-Blanc à Chamonix, éco-quartiers en cours à Bois d'Arcy et Bessancourt...
Ouvrages d'art : passerelle flottante à Noisiel, passerelle Magelis à Angoulême (Grand Prix de l'Aménagement urbain 2010). Préfabrication de belvédères en bois pour grands sites : forêt d'Orléans, forêt de Pessac, Chemin des Dames.
A enseigné à l'ENSP de 1977 à 1997 et au Cycle d'Urbanisme de Sciences Po de 1998 à 2008
Parutions, avec Linda Leblanc : Paysages (éditions du Moniteur, 1993), Intuition, intention (éditions Ici Consultants, 2009). - Thierry MariageArchitecte des bâtiments de France, historien, actuellement à la direction du Service Territorial de l'Architecture et du Patrimoine de la Meuse. Auteur de nombreuses contributions sur l'aménagement du paysage à l'époque de Le Nôtre, et notamment de l'ouvrage : L'univers de Le Nostre. Les origines de l'aménagement du territoire (Mardaga, 1990).
Pour Le Nôtre le sol est autant une matière à modeler et un substrat qui accueillera les plantations. Le paysage naît de la rencontre des techniques d’aménagement (terrassements, maîtrise de l’eau, etc.) et d’un socle originel. Cette rencontre donne corps à une mise en scène du site. Comment peut-on envisager la question du sol aujourd’hui dans un contexte marqué par la prise en compte de l’écologie ?
- Gilles Vexlard, Le Nôtre : terrassier et metteur en scène du paysage Paysagiste DPLG, professeur à l’ENSP. Deutscher Landschaftsarchitektur Preis (2005), International Urban Landscape Award (2006), Grand prix national du paysage (2009).
Concepteur, avec Laurence Vacherot (agence Latitude Nord), de nombreux concours, études et projets de paysage à grande échelle :
Conception, réalisation ou concours : base de loisirs de Bois-le-Roi, bassin olympique de Vaires-sur-Marne, base de plein air et de loisirs et baignade du Port aux Cerises (Grand prix national du paysage 2009), réaménagement de la friche industrielle de Longwy...
Aires de repos autoroutières et échangeurs routiers : aires de repos autoroutières de Garabit, Rivesaltes, Le Boulou, Aulnay...
Parcs : jardin de la Treille dans le parc de la Villette à Paris, parc de Bicheret à Chessy, parc du Mandinet à Lognes (Marne-la-Vallée)...
Urbanisme : étude de définition et de programmation Agenda 21 sur plusieurs quartiers de la ville de foire de Riem, Parc de Riem à Munich, étude de faisabilité, plan-cadre d’aménagement paysager et d’urbanisme sur le réaménagement de la boucle de la Marne (Meaux), étude de définition et élaboration d’une stratégie de développement à long terme pour le site stratégique Sud-Ouest de Rennes Métropole... - Philippe Prost,Architecte, urbaniste, professeur à l'ENSAPB. Après avoir consacré une dizaine d'années à la recherche, en 1991, il est appelé au chevet de la citadelle de Belle-Isle-en-Mer pour une aventure qui durera 15 ans. En 2004, il obtient une mention à l'Equerre d'argent pour la construction d'un ensemble de logements à Paris. Il mène actuellement le chantier de la Monnaie de Paris et en 2012 il est lauréat du concours pour le Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette.
Auteur de nombreux articles et ouvrages notamment sur l'architecture militaire dont Vauban, le style de l'intelligence, Une oeuvre source pour l'architecture contemporaine, Prix du livre d'Architecture de l'Académie d'Architecture en 2008. - Antoine Jacobsohn, Agronome (études à la Cornwell university, New-York), historien (histoire de la production et de la consommation alimentaire à Paris VIII et l'EHESS), responsable du site du Potager du Roi à l'ENSP. Auteur de nombreuses publications sur l'histoire des jardins et des jardiniers dont l'Anthologie des bons jardiniers : traités de jardinage français du XVIe siècle au XIXe siècle (Maison Rustique/Flammarion, 2003).
26 mars 2013 : TERRITOIRE (Pouvoir, gestion)
Les parcs de Le Nôtre sont emblématiques du projet d’aménagement du territoire du XVIIe siècle. Routes, canaux, tracés urbains, places forte ont en commun avec les grands parcs classiques des techniques, une démarche de projet et un vocabulaire. Qu’en est-il aujourd’hui dans les grands projets d’aménagement ? La prise en compte du paysage est-elle systématique ? Relève-t-elle d’une culture partagée entre tous les acteurs ?
- Michel Desvigne, Paysagiste, président du Conseil d'administration de l'ENSP, Grand Prix national d'urbanisme 2011. Concepteur, notamment, des plans d'aménagement de Lyon Confluence et du cluster de Paris-Saclay, de la charte des paysages de Bordeaux et du parc des Angéliques Bordeaux rive droite...
Avec Christine Dalnoky : de l'avenue Pierre Mendés-France à Montpellier, des abords de la Gare TGV d'Avignon, de la place des Célestins à Lyon, des espaces publics de la péninsule de Greenwich à Londres... - Pierre Veltz,Polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, spécialiste de l'économie territoriale, directeur de l'Ecole des Ponts et Chaussées (1999-2003), ancien directeur de la Mission d'aménagement de la région capitale au sein du secrétariat d'Etat et depuis 2009, délégué ministériel pour le développement du cluster du plateau de Saclay. Auteurs de nombreux ouvrages sur la mondialisation et les politiques de développement territorial parmi lesquels Des lieux et des liens : politiques du territoire à l’heure de la mondialisation (Ed. de l’Aube, 2002) et Paris, France, monde : repenser l’économie par le territoire (Ed. de l’Aube, 2012).
- Anne Fortier Kriegel, Paysagiste, titulaire d'un doctorat à l'Ecole des Hautes études en sciences sociales, chargée de mission au Conseil général de l'environnement et du développement durable, conseillère de la Ministre de l'environnement (1992-1993), Anne Fortier Kriegel a été une figure très active dans l'élaboration de la loi paysage de 1993. Auteur de plusieurs ouvrages : Les paysages de France, Pour une esthétique historique du modèle français (PUF, 1996), L'avenir des paysages de France (Fayard, 2004). Enseignante à l'école d'architecture et du paysage de Lille.
André Le Nôtre est autant jardinier que concepteur. Il conjugue dans son œuvre à la fois des savoirs horticoles, techniques et esthétiques. Son talent réside dans cette approche pluridisciplinaire.
Qu'en est-il aujourd'hui de cette approche transversale dans un contexte où les métiers du jardin et du paysage sont souvent définis par des compétences spécifiques : jardinier, pépiniériste, entrepreneur, paysagiste ?
Quels sont les liens entre le jardinage et la création ?
- Pierre BonnaureJardinier en chef des jardins de Tuileries et du Palais Royal, diplômé du master Jardins historiques. Patrimoine et paysage à l'ENSA de Versailles et du master d'Histoire de l'Architecture de Paris I. Actuellement, il entreprend une thèse sur les végétaux utilisés par Le Nôtre dans les jardins de Versailles, Trianon et Clagny.
- Marc Rumelhart, Ingénieur horticole, écologue, professeur, Marc Rumelhart a créé le département d'écologie à l'ENSP où il a développé avec Gabriel Chauvel une approche de l'écologie basée sur une grande pratique du terrain, et l'expérimentation par le chantier. Il est aussi chercheur, rédacteur de nombreux articles et contributeur régulier à la revue Les Carnets du paysage. Parmi de nombreuses publications citons Jardiner (ouvrage collectif, Carnets du paysage n°9-10), Ecologies à l'œuvre (ouvrage collectif, Carnets du paysage n° 19)... Marc Rumelhart a travaillé dans l'équipe de Michel Corajoud pour le parc du Sausset et à l'occasion du concours pour la réhabilitation du jardin des Tuileries.
- Pascal Cribier Architecte et paysagiste, réalise avec Louis Benech et François Roubaud la réhabilitation du jardin des Tuileries, auteur de nombreux parcs et jardins où la diversité végétale et sa conduite dans le temps sont essentielles. Parmi de nombreux projets : création du jardin du donjon de Vez (Oise), réaménagement des jardins de l'école nationale des Arts décoratifs, étude paysagère pour le couloir de la chimie à Lyon, création d'un parc expérimental à Méry-sur-Oise, restructuration du parc de Oiron (Deux-Sèvres)... Pascal Cribier réalise également parcs et aménagements paysagers à l'étranger : Angleterre, Etats-Unis (Montana, New-York), en Polynésie française, à Bora Bora.
- Dominique GarriguesHistorien des jardins et des jardiniers, Dominique Garrigues enseigne l'histoire de l'art des jardins à l'École supérieure d'architecture des jardins et des paysages (ESAJ) de Paris depuis une dizaine d'années. Parallèlement à cette activité, il travaille pour la Ville de Paris, à la Direction de l'urbanisme, au sein du Service de la topographie et de la documentation foncière. En 2001, il a publié Jardins et jardiniers de Versailles au Grand Siècle (Champ Vallon).
28 mai 2013 : EAU (Esthétique, maîtrise)
Au XVIIe siècle, la maîtrise des ressources hydrauliques est un élément majeur de la politique d’aménagement du territoire. Les jardins de Le Nôtre, Versailles en particulier, allient la nécessité de drainer et stocker l’eau à une mise en scène spectaculaire.
Cette double approche trouve aujourd’hui un écho dans un contexte très différent où la question de l’eau est devenue un enjeu écologique.
- Christine Dalnoky Architecte-paysagiste DPLG. Diplômée de l'École nationale supérieure des Beaux Arts de Paris et de l'École nationale supérieure de paysage de Versailles.
Elle est tout d'abord collaboratrice de Michel Corajoud et d'Alexandre Chemetoff. En 1987, elle est lauréate du concours de l'Académie de France à Rome et pensionnaire à la Villa Médicis de 1987 à 1988. De retour à Paris en 1988, elle fonde avec Michel Desvigne l'agence de paysage Desvigne & Dalnoky.
Elle reçoit la médaille d'argent de l'Académie d'Architecture en 2000.
En 2002 elle remporte le concours pour la construction du parc de l'Exposition internationale de Saragosse en Espagne maintenant terminé. Elle travaille actuellement, entre autres, au projet de développement urbain de la ville de Ho Chi Min (Saigon) au Vietnam. - Daniella Malnar,Diplômée du master Jardins historiques. Patrimoine et paysage de l'ENSA de Versailles, dessinatrice auprès du Service de la Conservation architecturale du Château de Versailles et, depuis 2003, chargée du développement des projets culturels du Service des fontaines du Château de Versailles. Ses recherches, qu'elle poursuit dans le cadre d'une thèse de doctorat, portent sur la réalisation et l'évolution du réseau hydraulique du domaine de Versailles entre le XVIIe et le XXIe siècle.
- Michel Péna, Paysagiste, co-dirigeant avec Christine Péna de l'agence Péna et Pena. Concepteur notamment, du Jardin Atlantique à Paris avec François Brun, d'une promenade jardin à Vincennes sur la dalle du RER A, du jardin des Sources à Noisy-le-Grand, du parc Jean Moulin à Bagnolet, des projets en cours : réhabilitation des Pelouses de l'hippodrome d'Auteuil à Paris, de la promenade sur le Paillon à Nice... Michel Péna a été président de la Fédération française du paysage (2008-2011) et commissaire principal de l'exposition « la Ville fertile » à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris. Christine et Michel Péna ont publié en 2010 l'ouvrage Pour une troisième nature (ICI éd.).
Qu’en est-il aujourd’hui ? Peut-on parler d’une approche d’architecte et d’une approche de paysagiste ? Comment, dans les projets de paysage contemporains, s’articulent les différentes compétences professionnelles ? Quelle est la place des savoirs et les savoir-faire issus de l’art des jardins dans les formations des architectes, des paysagistes et des urbanistes ?
- Jean-Marc L'Anton" Le Nôtre / Mansart : architecte ou paysagiste de haute lutte ".Paysagiste, chef de l'agence L'Anton et Associés, Jean-Marc L'Anton est maître d'œuvre de nombreux projets d'espaces publics depuis 1987. Il est notamment l'auteur des aménagements paysagers de la rocade est de Toulouse (avec Alexandre Chemetoff), du parc Saint-Serge à Amiens, du réaménagement de la RD 61 à Arcueil, de l'aménagement des espaces publics sur le Tramway T5 (Saint-Denis, Pierrefitte), de la restructuration globale de l'entrée du Havre... Il effectue également de nombreuses missions de conseil (paysagiste conseil de l'Etat depuis 1994) et des études dont Reims 2020 dans l'équipe de Philippe Panerai. Enseignant à l'ENSP, il a été directeur du département Construction de 1993 à 2000.
- Alexandre Chemetoff (en attente de confirmation)Paysagiste, urbaniste, architecte, Grand prix national d'urbanisme 2000, Alexandre Chemetoff dirige depuis 1983 le Bureau des paysages. Refusant les limites et les frontières entre les disciplines, il développe avec une équipe d'architectes, de paysagistes, d'urbanistes de nombreux projets de planification et d'aménagements urbains. Parmi les principales réalisations du Bureau des paysages ou les plus emblématiques on notera la ZAC des Aunettes à Ste Geneviève des Bois, le jardin de bambous dans le parc de la Villette, la place de la bourse à Lyon, la ZAC des Hautes-Bruyères à Villejuif, la ZAC Mail-Mabilais à Rennes, la ZAC Stanislas-Meurthe à Nancy, le plan guide de l'Ile de Nantes dont il suit la mise en œuvre pendant 10 années, le renouvellement de la plaine Achille à Saint-Etienne pour lequel il obtient en 2011 le Prix national écoquartier... A. Chemetoff a publié plusieurs ouvrages sur ses projets, sa démarche dont Situations Construites à l'occasion de son exposition dans le centre Arc-en-Rêve, à Bordeaux. Il a dirigé en 1988 et 1989 le département du projet à l'ENSP.
- Sébastien Marot (en attente de confirmation)Philosophe de formation, délégué général de la Société française des architectes (1986-2002) où il fonde la revue d'architecture, d'urbanisme et de paysage « Le Visiteur », Sébastien Marot a développé ses recherches sur la généalogie des théories et pratiques contemporaines de l'architecture, de l'urbanisme et du paysage. Et plus spécifiquement sur la mise en scène de « l'épaisseur historique » des situations construites de ces différentes disciplines. Sébastien Marot a enseigné ou enseigne dans de nombreuses écoles d'architecture ou de paysage en Europe et aux Etats-Unis. Il est membre fondateur de l'Ecole d'architecture de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée où il enseigne depuis sa création en 1998. Auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels L'art de la mémoire, le territoire et l'architecture (Ed. de La Villette, 2010).
Dans ses projets, Le Nôtre étend son périmètre d’action bien au-delà des limites du parc en accrochant, par des dispositifs visuels (terrasses, perspectives, sauts de loup) les horizons du grand territoire. Il donne de l’espace une lecture complexe dans laquelle les différentes échelles s’articulent entre effets de surprise et perspectives. Les lieux sont transformés grâce à une utilisation fine des règles d’optique associée aux terrassements.
Cette démarche reste aujourd’hui un élément fondamental de tout projet de paysage. La vue donne des repères, organise des continuités, crée des transitions... en réponse à la désorganisation des territoires.
- Pierre-Marie Tricaud
Ingénieur agronome, paysagiste DPLG et docteur en urbanisme, ancien président de la Fédération Française du Paysage, Pierre-Marie Tricaud exerce à l'Institut dAménagement et dUrbanisme de la Région d'Ile-de-France (Schéma régional des espaces ouverts, parcs naturels régionaux, restauration de la Bièvre dans Paris, intégration du TGV Est, conception de routes…), participe à des schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme à l'international (Casablanca, Tripoli, Beyrouth, Damas, Phnom Penh, Hanoi) et effectue des missions d'expertise sur les paysages culturels du patrimoine mondial pour l'Unesco et l'Icomos (Causses et Cévennes, val de Loire, paysages viticoles de Hongrie, Portugal, Suisse, Vallée sainte et forêt des cèdres au Liban…).
Sur un espace et une durée plus réduits, il a conçu en 2013 un « paysage à goûter » au Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire.
Son intérêt et son expertise portent notamment sur la prise en compte des valeurs culturelles, naturelles, paysagères et historiques des sites en vue de leur aménagement, et sur la valorisation, le développement et l'usage des éléments concernés, au-delà de leur simple préservation. Intervention sur la géométrie de l'occupation des sol et les belvédères en Île-de-France.
- Henri Bava et Olivier Philippe Paysagistes, Henri Bava (ancien président de la Fédération Française du Paysage) et Olivier Philippe ont fondé l'Agence TER avec Michel Hoessler en 1986. Avant de se retrouver à Paris autour de 2005 chacun a développé un parcours personnel au fil des projets et des expériences pédagogiques.
Henri Bava a développé une activité en Allemagne et crée en 2000 une agence à Karlsruhe où il enseigne également en tant que professeur titulaire, directeur du département paysage de la faculté d'architecture de l'Institut de technologie. Il travaille sur des projets transnationaux de reconversion de friches industrielles et sur la conception de grands espaces publics à Duisbourg.
Olivier Philippe assure la direction de l'agence parisienne de 1999 à 2005. À ce titre il conduit des projets comme l'étude urbaine pour Euralille 2, la conception du parc des Cormailles à Ivry, le parc du Trapèze à Boulogne... Il a enseigné en atelier de projet pendant 17 ans à l'ENSP.
Aujourd'hui, l'agence TER conduit des projets et des études à de très grandes échelles comme le parc Seine Aval (entre Conflans Sainte Honorine et Jeufosse), le Grand parc de Garonne à Toulouse, le parcours de l'eau dans l'axe du Rhin entre Bonn et Cologne et des projets de parcs, d'espaces publics urbains comme le parc des Aygalades à Marseille, et la Forêt linéaire Paris Nord-Est.
Manière de montrer les jardins de Versailles de Louis XIV propose aux visiteurs plusieurs parcours.
Les systèmes mis en place par Le Nôtre dans ses projets prévoient de multiples appropriations du site selon des axes, des points de vue, des situations topographiques, des lieux couverts ou découverts. Le promeneur évolue dans l’espace dans un ballet permanent.
Aujourd’hui, les codes esthétiques et les enjeux sociaux de la promenade ne sont plus les mêmes : découverte de la nature, pratiques sportives, démarche artistique... La découverte du site et les émotions qu’elle provoque restent toutefois centrales dans l’élaboration d’un projet.
- Alain FreytetPaysagiste, conseil de l'Etat depuis 1993, Alain Freytet est concepteur et illustrateur de plusieurs Atlas de paysage et de différents ouvrages liés au paysage et au patrimoine culturel rural. Il est par ailleurs le concepteur de nombreux aménagements sur des sites littoraux en Corse, à Belle-Ile, Port-Cros, Porquerolles... Collaborateur régulier du Conservatoire du littoral, de PNR et de réserves naturelles, Alain Freytet est très investi dans des projets de développement rural, notamment dans la Creuse où il réside. Il enseigne à l'ENSP au sein du département d'écologie.
- Mathias PoissonArtiste, plasticien, danseur contemporain (cours de Mathilde Monnier), performer, Mathias Poisson articule ses recherches historiques et artistiques autour des pratiques de promenades urbaines. Il organise des déambulations sensibles où l'expérience du visiteur est au centre de la recherche, il imagine des guides touristiques expérimentaux avec des cartes sensibles, un guide de visites publiques et aventureuses... On notera la présentation de ses principaux travaux au centre d'art de Chamarande, à la Raffinerie de Bruxelles, à l'Athénéum de Dijon, au festival Plastique Danse Flore dans le Potager du roi. Il intervient régulièrement dans les ateliers d'arts plastiques de l'ENSP.
- Catherine Szanto, Paysagiste, docteur en architecture, chargée de cours à l'Institut de Géographie de l'Université de Paris IV- La Sorbonne, chercheur à l'université de Liège, chercheur associé au Laboratoire « Architecture Milieux Paysages », ENSA Paris-La Villette. Elle est actuellement post-doctorante à l'Institut Universitaire d'Architecture de Venise (IUAV). En 2009, elle a soutenu une thèse intitulée Le promeneur dans le jardin : de la promenade considérée comme acte esthétique. Regard sur les jardins de Versailles.
- Thierry Laverne Paysagiste engagé, Thierry Laverne préside le Triangle vert (projet intercommunal de valorisation de l'agriculture urbaine), il est également élu municipal. Depuis plus de vingt ans il est concepteur de nombreux espaces publics urbains ou périurbains en particulier : quartier à Rungis, ZAC Seguin-Trapèze Ouest à Boulogne, allée royale entre la forêt de Rougeau et la forêt de Sénart, réaménagement du parc de la Vallée aux Loups (Châtenay-Malabry), quartier Grammont à Rouen, étude pour l'allée royale de Villepreux dans la plaine de Versailles... Paysagiste conseil de l'Etat depuis 1994. Thierry Laverne enseigne à l'ENSP, notamment en 4e année pour les diplômes et les Ateliers pédagogiques régionaux.
- Gilles Vexlard, Paysagiste, professeur à l'ENSP. Concepteur avec Laurence Vacherot au sein de l'agence Latitude Nord, de nombreux projets de paysage : base de loisirs de Bois-le-Roi, place Charles-de-Gaulle à Vichy, jardin de la Treille dans le parc de la Villette, parc du Mandinet à Marne-la-Vallée, baignade de la base de loisirs du Port aux Cerises (Grand prix national du paysage 2009) dans l'Essonne, parc de Riem à Munich sur les anciennes friches aéroportuaires, parc du Bicheret à Chessy...
- Bruno Fortier, Architecte, urbaniste, Grand prix d'urbanisme 2002, Bruno Fortier travaille sur de nombreux projets de requalification urbaine : le cours des Cinquante otages et l'Ile Feydeau à Nantes, le quartier Masséna Sud (Paris ZAC Rive gauche), les quartiers Ivry-Port, et Mantes université, l'hyper centre de Toulouse, le quartier Beaumont-Chauveau à Tours, la place de la Major à Marseille avec Michel Desvigne, la ZAC de la gare de Rungis à paris avec Michel Péna... Bruno Fortier mène parallèlement une carrière d'enseignant à l'ENSA de Paris-Belleville, et de chercheur. Il est l'auteur de nombreuses publications : La ville et ses projets (catalogue de l'exposition permanente du Pavillon de l'arsenal avec J.L. Cohen et A. Lortie), La métropole imaginaire : un atlas de Paris (Mardaga, 1989), Les vaisseaux et les villes...
- Guy Saupin,Professeur d’histoire moderne à l’université de Nantes et directeur adjoint de l’École doctorale Sociétés, Cultures, Echange (site de Nantes), Guy Sapin est auteurs de nombreuses contributions scientifiques concernant l’histoire sociale et culturelle des villes entre XVIe et XVIIIe siècles. Parmi ses publications : La France à l’époque moderne (A. Colin, 2000) et Les villes en France à l’époque moderne (Belin, 2002).
- Hervé Brunon (en attente de confirmation)Historien des jardins et du paysage, chargé de recherche au CNRS et, depuis 2010, directeur adjoint du Centre André Chastel où il est également responsable de la section Histoire culturelle des jardins et du paysage. Enseignant à l'ENSA de Versailles, dans le cadre du master Jardins historiques. Patrimoine et paysage, et dans d'autres institutions françaises et étrangères, il est auteur des nombreuses publications scientifiques dont Le jardin contemporain, rédigé en collaboration avec Monique Mosser (Scala, 2006). Il a également dirigé, entre autres, Le jardin comme labyrinthe du monde. Métamorphose d'un imaginaire de la Renaissance à nos jours (Louvre, PUPS, 2008), Le jardin, notre double. Sagesse et déraison (Autrement, 1999).
- William Christie (en attente de confirmation) Claveciniste et chef d'orchestre, Académicien des Beaux-Arts, fondateur en 1979 de la formation Les arts florissants qu'il dirige, spécialiste de musique baroque française, William Christie dirige avec sa formation des opéras dans le monde entier et participe à de nombreux festivals. Parmi les grandes œuvres dirigées citons Atys de Lully, Motets et Psaumes de Charpentier, et de Monteverdi, les Paladins de Rameau... William Christie est aussi un grand passionné de jardins, créateur de son propre jardin où il réinvente un jardin baroque contemporain qui emprunte à la Renaissance italienne, au classicisme français et au XVIIIe siècle anglais. Un « jardin de paradoxe » selon l'expression de Catherine Ruiz-Chomarat qui a étudié ce lieu très personnel qui accueille désormais un festival de musique.
- Marc Pouzol et l'atelier Le BaltoPaysagiste, Marc Pouzol dirige en association avec Véronique Faucheur et Marc Vatinel l'atelier Le Balto, situé à Berlin. Depuis une quinzaine d'années, ils développent ensemble une approche originale du projet de paysage entre interventions éphémères, arts plastiques et art des jardins. Leur premier coup d'éclat a lieu à Berlin où ils organisent à travers la ville « Les jardins temporaires », s'en suivent de nombreuses interventions partout en Europe. Parmi les principaux projets réalisés ou en cours notons : le Jardin sauvage du palais de Tokyo à Paris, les terrasses des archives départementales à Chartres, le parc de la villa Romana à Florence, le Garten du Diaspora pour la nouvelle académie du musée juif à Berlin, et de nombreuses collaborations et réalisations avec des musées, des centres d'art, des FRAC en France, en Allemagne, en Suisse, en Italie... Marc Pouzol intervient à l'ENSP au sein du département des Enseignements artistiques.
- Gilles A. Thiberghien (en attente de confirmation),Philosophe, maître de conférences à l'université de Paris-Sorbonne I où il enseigne l'esthétique Gilles A. Thiberghien est l'auteur de nombreux ouvrages qui traitent de la relation de l'art à la nature et au paysage. On citera particulièrement Land-Art (édité en 1993, réédité en 2012), Nature, art et paysage, Notes sur la nature, la cabane et quelques autres choses (Ed. du Felin, 2005), Finis Terrae : imaginaires et imaginations cartographiques (Bayard, Jeunesse, 2007)... Gilles A. Thiberghien est membre des Cahiers du musée d'Art moderne et des Carnets du Paysage. Il intervient régulièrement à l'ENSP.